WASHINGTON STATE  LES COULEURS DU NIRVANA

L'entrée aux USA se mérite, 1h30 dans la file d'attente! Et comme Laurent ne voulait pas que la « prunelle de ses yeux » chauffe, et bien nous l'avons poussée... comme ça c'est nous qu’avons eu bien chaud !
Washington State et ses couleurs, du vert de la Rain Forest, aux bleus des plages du Pacifique, en passant par le manteau blanc du Mount Rainier, pour terminer aux frontières de l'Idaho avec les ocres des vallées semi arides.

Joni et Don, motards voyageurs contactés via le site d'Horizon Unlimited, nous attendent. Ils habitent à quelques kilomètres de Seattle. Auparavant, nous passons chez BMW chercher les bidons d'huile et un filtre pour l’entretien de la moto. Je flâne dans le show room. De vieilles motos qui ont baroudé en Afrique, et aux Amériques, sont suspendues au plafond! J'espère qu'en rentrant, Laurent n'aura pas l'idée de m'accrocher la BMW en trophée au beau milieu du salon !

La maison en bois de Joni et Don, est inimitable, immense, sur deux niveaux, tourelles, balcons et terrasse sur le toit. Pas moins de onze couleurs différentes en extérieur, et deux étés entiers à deux, nécessaires pour tout repeindre.... avec onze autres couleurs !

Don et Joni sont de grands voyageurs, en témoignent les stickers du monde entier collés sur les valises alu, fabriquées maison, de leur vieille BMW. Joni est aussi petite et bouillonnante que Don est grand et calme. Et c’est très gentiment qu’il met son garage à disposition de Laurent. Don est mécanicien chez Honda, il possède les outils et le matériel pour tout réparer sur une moto ou une voiture.

Jeu de garçons... jeu de boulons...et vidange au programme.

Ensuite nous enfilons les gants moumoutte, arrosés d’un peu d’huile de coude pour une toilette plus que nécessaire, de notre monture.
L’intérieur de la maison est une énigme pour nous. Joni collectionne, compulsivement, les peluches de chiens, de chats. Nous devons faire attention à ne pas marcher dessus dans les couloirs qui montent aux chambres, il y en a partout sur la moquette. Dans la chambre, impossible de poser quoique ce soit sur les commodes recouvertes de bibelots, et le lit est envahi d’une dizaine d’énormes coussins, parsemés de peluches. Très étrange et limite inquiétant. Nous descendons au salon à l’ambiance assez lourde. Je regarde, fascinée, les murs tapissés d’assiettes décoratives par centaines, les vitrines encombrées d’objets, de petites cuillères de collection et de poupées de porcelaine. Pas un centimètre carré n’échappe à la frénésie décoratrice. Il en ressort un sentiment d’étouffement assez pesant. Malgré tout ils sont adorables et le soir la table est mise en notre honneur, avec famille, amis et le superbe chat angora noir et blanc surnommé Savannah, avec lequel j’essaie de sympathiser. Joni parle très vite et je ne la comprends pas toujours, ce qui me stresse un peu. Heureusement, j’aide en cuisine et m’absorbe dans la préparation de ma ratatouille. Dans tous les réfrigérateurs américains, on trouve des courgettes, des tomates, du poivrons de la coriandre fraîche, des oignons et il y a toujours au fond d’un placard, un flacon de cumin pour donner une petite note marocaine.

Le lendemain, le temps est incertain, donc c'est en voiture que Don et Wilma, une amie vivant en Australie en vacances chez eux, nous servent de guides à travers les rues animées de Seattle.

L’Art prend parfois des formes surprenantes. De drôles de chaussettes en laine multicolore tiennent chaud aux troncs d’arbres de Pionner Square. Les buildings du centre ville ont poussé au milieu des vieilles bâtisses en briques rouge.

Laurent, qui ne se laisse pas promener comme ça sans savoir où il va, est allé tout droit chercher une carte de la ville au kiosque d’information.

Incontournable, la Tour Space Needles, 160 mètres de haut domine

Seattle qui est la ville natale de Jimmy Hendrix. C'est aussi là, qu'est né le mouvement grunge, pour les plus connus, Kurt Cobain du groupe Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, Mother Love Bone et tant d'autres...

Nous pénétrons dans Le Music Experiment Center, bâtiment futuriste qui est un musée interactif, retraçant l'histoire musicale de la ville.

Quelque soit le pays, le marché est un lieu incontournable de la ville qu’il convient d’explorer. Ce jour là, c’est la poissonnerie du fameux Pike Market qui fait son show. Les hommes habillés en matelot, se lancent en criant par-dessus les étalages les énormes poissons. Dans les rues voisines, la police locale veille, et le cob, bienveillant m’autorise à enfourcher sa blanche Harley Davidson, « Vite bébé, prends la photo ».

Merci à vous, Joni, Wilma et Don pour ces bons moments passés en votre compagnie. Il est probable que Don et Joni viendront nous rendre visite en France en 2012… On reste en contact.
En reprenant la route on passe par la jolie petite ville de Snohomish et ses maisons typiques en bois sculpté avec des toits pointus et des jardins fleuris de roses anciennes.

Nous prenons un ferry qui traverse le détroit de Puget pour rejoindre la péninsule     d’Olympic Forest. 
C'est le point de départ de la splendide Pacific Coast Highway 101 qui descend jusqu'à San Diego en Californie.
Une petite grimpette dans un brouillard épais pour monter à l’Hurricane Ridge dans le Parc National d’Olympic Forest.

Au fur et à mesure que le brouillard s’effiloche, les sommets se découvrent, enneigés et leurs pentes couvertes de forêts de résineux. Il persiste encore de grandes étendues neigeuses  qui a mon avis ne fondront pas.

Laurent bavarde avec un deer (chevreuil) perdu sur le parking ! Un couple de français du Mans qui a fait ses études à Tours, donc autant dire des voisins, nous aborde, en voyant l’immatriculation de la moto. Ils vivent à Lafayette en Louisiane et sont en vacances en BC. Au bout d’une heure de papotage nous nous quittons. Je ne voudrais pas avoir l’air de critiquer mes compatriotes, mais ils ne nous ont même pas proposé de nous faire découvrir leur ville d’adoption lors de notre passage en Louisiane. Ah l’hospitalité à la française nous laisse rêveur.
« Pt’ être qu’ils n’aiment pas les motards en fait ! »

Nous avions acheté un laissez-passer en Alaska pour pouvoir entrer au Dénali. Ce pass est valable un an dans tous les parcs Américains et son prix est amorti dès le troisième parc visité.
Olympic National Park Hoh Rain Forest. Et oh miracle, il fait un temps splendide! 
Spectaculaire, fascinant, on se croirait dans une forêt enchantée.

Ici, il tombe 380cm/ an, presque trois fois moins qu'à Juneau, mais comme il fait beaucoup plus chaud, les arbres, Cedar trees, Douglas Fir, Sitka Spruce, Western Henlock, ont des dimensions phénoménales que ce soit en hauteur, on se tord le cou pour apercevoir leurs cimes, ou leurs circonférences hors normes. (Souvent plus de 10 mètres)

Lorsque l’un  de ces arbres tombe à terre, il sert de nourrice à la nouvelle génération et le cycle recommence.

Chaque arbre est à lui seul un paysage, on prend des dizaines de photos sans jamais réussir à restituer l’ambiance très particulière des sous bois recouvert de lichens.

Changement radical d'ambiance en bord de mer. Le Pacifique nous offre ses plages de galets léchés par des vagues d’écumes.

On se promène parmi des milliers de troncs blanchis par le sel,  échoués sur les rivages, comme dans une galerie d'œuvres d'art géantes.
Il y en a certains qui ont des formes si jolies que j'aimerai bien les ramener chez moi.

Notre première vraie journée d'été, se termine par un coucher de soleil sur la mer, face au camping.

C'est un long week-end en Amérique, la fête nationale du 4 juillet est l'occasion de sortir les drapeaux et de tirer des feux d'artifices dans tout le pays. Préparatifs fiévreux, les cocardes bleu blanc rouge, s’accrochent aux façades de tous les bâtiments officiels, les bannières étoilées claquent dans le ciel azur.

Le patriotisme aux US n'est pas un vain mot. 
En reprenant la route, sous un soleil éclatant, on tombe par hasard sur un rassemblement de voitures anciennes, de Hot-Rod, et de tuning haut de gamme. Un festival pour les yeux et les oreilles de deux frenchies !

Nous quittons la côte du Pacifique et prenons plein Est, on ne reverra la mer qu'en Floride à la fin du mois. Nous entamons notre traversée des US, d’Ouest en Est.
De nouveau, les montagnes, et au loin se profile le sommet enneigé du Mount Rainier qui culmine à 4492m.

Nous sommes dimanche, la route qui monte au point de vue est ouverte depuis peu. Il y a des murs de neige de chaque côté de la chaussée, ce qui rafraichit beaucoup l’atmosphère.

Sur les pentes du géant, c'est l'affluence, car il fait un temps superbe et on vient se promener en famille sur la glace, et jouer à se lancer des boules de neige.

Comme il fait vraiment un temps génial, pour une fois nous ne sommes pas pressés de trouver un campement, alors on roule. Et le paysage change encore, nous laissons les hauts sommets pour un décor digne de l'Arizona.

La température monte au fur et à mesure pour flirter avec les 28°. 
Nous sommes maintenant dans une vallée semi aride, transformée en verger à grand renfort d’irrigation et d’arrosage. Il y pousse des pêches, des cerises, des pommes, et du raisin.

Un dimanche d'été au US, c'est comme en France, tous les motards sont de sortie ! Et comme le casque n’est pas obligatoire, beaucoup ont les cheveux au vent… « Enfin, ceux qui en ont ! ».



IDAHO DE LA TERRE A LA LUNE

Dès l'entrée en Idaho, nous suivons la piste de Lewis et Clark, à ne pas confondre avec Loïs et Clark, ce ne sont pas Superman et sa copine!
Donc ces deux explorateurs, l'un scientifique, l'autre militaire, ont ouvert la voie Nord-Ouest, du Missouri au Pacifique de 1804 à 1806, à travers les territoires indiens, Nez Percés, Shoshones, Black Feet, jusqu'alors inexplorés. Lors de l'arrivée des premiers pionniers, les tribus indiennes, ont pour la plupart bien accueillis ces migrants et fait du troc avec eux. Mais un demi-million de pionniers, ça mange... et la nourriture vint à manquer, due à l'extermination des troupeaux de bisons. Début des tensions, qui ont mené à des attaques de convois suivies de répliques violentes de l'armée américaine et ce fût le point de départ des grandes guerres indiennes. 
Nous traversons les territoires Nez Percé dont le chef Joseph est l'un des plus connus.

Mais aujourd’hui, 4 Juillet c'est la commémoration d’Indépendance Day. Déclaration d’indépendance des treize États fondateurs des USA, signée à Washington en 1776.
Lorsque l'hymne national retentit, les hommes se découvrent et tous, enfants compris, chantent la main sur le cœur... Ça fait quelque chose ! 
Je me dis qu'en France c'est surement ce qui nous manque un peu, la fierté d'appartenir au pays. Mais bon pas de polémique. 
En tout cas au USA ce n'est absolument pas mal vu d'avoir la bannière étoilée qui flotte sur son perron.
La fête nationale, on l'a vécue à Grangeville, Idaho, petite ville de 3275 âmes.
Main Street, n'est même pas barrée, il n'y a pas de cordon de sécurité, ni de déviation, tout se passe dans l'ordre et la bonne humeur et tous les citoyens attendent la grande parade. Même un joli petit chien noir et blanc, qui me jette un regard torve, tout penaud d’être affublé d’une collerette bleu blanc rouge !

11h, assis en plein soleil sur des bancs de fortune, une planche sur deux rondins, on prend une jolie couleur tomate!  Le défilé emprunte Main Street. De nombreuses corporations sont représentées, pompiers, cowboys…et le cheval est à l'honneur.
Il fait un temps idyllique, les enfants guettent les participants à la parade, qui de leur véhicule, jettent des bonbons par poignées.

Un grand rodéo fête son 100ème  anniversaire, avec des vrais cow-boys, et de vraies cowgirls, occasion unique d’assister à cet évènement traditionnel dans la vie des américains. On passe l’après midi dans les tribunes, fascinés par le spectacle.
Chevauchées, exercices au lasso pour attraper et ligoter le bétail en un temps record, cascades, démonstration de techniques équestres en tous genres sur musique country hyper boostée. Encouragés par une foule conquise les participants se donnent à fond. Un grand moment d’authenticité. Ambiance familiale, conviviale, FANTASTIQUE. Ils sont très forts, et les filles ne font pas tapisserie !
La fête se termine par l'élection de la nouvelle « Border Days Queen », jolie Miss que Laurent s'est empressé d’aller féliciter.

Et je crois pouvoir dire que nous étions les seuls étrangers dans les gradins ce jour là.
En attendant l'heure du feu d'artifice, installée sur un banc devant le liquor shop, je prépare mon article, quand un gars chevelu en moto pétaradante passe et repasse devant nous. Il  s'arrête finalement intrigué par la moto. 
Au bout de cinq minutes, il nous propose de planter la tente dans son « backyard » (traduire : arrière-cour). Nous avions l’autorisation du shérif pour camper sur le terrain de base-ball mais nous acceptons son invitation, clôturant ainsi cette journée américaine pur jus.

Tim vit avec un loup dans une petite maison typique en bardage, avec un perron en bois et un antique rocking-chair. On sirote une bière en discutant des lois de l'Idaho, son énorme chien- loup blanc sale à ses pieds, État républicain par excellence, ultra conservateur et farouchement attaché à la loi sur la possession d'armes. D'ailleurs il est fier de dire que l'Idaho est très sûr... Tu m'étonnes, ici tout le monde a un gun. Les bandits doivent y regarder à deux fois avant de toucher à la propriété d'autrui ! Un de ses voisins attiré par la moto, s’invite dans la conversation et nous explique sans complexe qu’il a fait de la prison pour avoir tué un mec qui tentait de s’introduire chez lui…Un ange passe. Je regarde Tim du coin de l’œil, géant hirsute, avec des bras gros comme mes cuisses. Passé le premier à priori, il est au final plutôt sympa. En revanche, il vit chez son chien. Il nous propose de déplier le sofa, nous déclinons poliment, enfin je mets de grands coups de coudes dans les côtes de Laurent pour qu’il comprenne qu’il n’est pas question une seconde de dormir ici. C’est trop sale. Une odeur fétide de chien mouillé et de vieilles poubelles nous prend à la gorge et je pense que la moquette n’a pas vu l’aspirateur depuis au moins vingt ans…Je préfère encore pousser les crottes de chien dans les herbes folles du mini jardin.
Après le feu d’artifice, et une dernière bière bien fraîche, nous nous endormons dans la chaleur de la tente avec des milliers d’étoiles dans les yeux.
L'Idaho c'est tellement beau.
De nombreuses personnalités ont leur résidence dans la Sun Valley à Ketchum et Hailey. 
Hemingway y est enterré, et son fan club lui rend hommage à sa façon ! Sa tombe est couverte de bouteilles d’alcool, de pièces de monnaie, de fleurs et de poèmes.

Et nous sommes passés voir Bruce. Bruce Willis, bien sur !
Il n'était pas chez lui, alors nous lui avons laissé un petit mot, collé sur sa boite aux lettres avec un sticker Trans’am2011... des fois qu'il ait envie de mettre un commentaire sur le site !

Et en ce début d'été, un ballet incessant de jets privés dépose les stars américaines, Demi Moore, Tom Hanks, Jamie Lee Curtis et bien d’autres.

On comprend leur coup de cœur, ici loin des paillettes du show-biz, la vie est plus proche de la nature.
Succession de ranchs, annoncés par d’immenses portiques en bois surmontés d’une tête de vache. De larges vallées verdoyantes bordées de hautes montagnes et au milieu coule une rivière.  Le surnom de l'Idaho : Scenic state

Nous traversons « Craters of The Moon National Park ». Surréaliste ! 
Il a du faire bien chaud ici il y a 10 millions d'années. L'activité volcanique intense a boursoufflé l'écorce terrestre et le paysage ressemble à un gros cookie qu'on aurait oublié dans le four.

C'est d'ailleurs ici que les astronautes américains préparèrent leurs expéditions sur la lune. On a eu chaud rien qu'a regarder le paysage.

C’est la loi en Idaho, le port du casque n'est pas obligatoire. Je me demande si l'État n'a pas décidé d'exterminer ses motards ? 
C'est sûr, quel pied de rouler cheveux au vent et bras nus, mais, on se prend des coups de soleil, le moindre insecte se transforme en projectile et je pense qu’on s’en prend plein les narines, sans parler du risque de chute.
Et pourtant je l'ai fait, il y a longtemps, avec ma copine Lélé et nos mobylettes, sur les routes de campagne...On avait 14 ans et c'était vraiment le pied ! 

WYOMING WILD WEST SHOW

La transition entre Idaho et Wyoming, se fait en douceur. Comme l'annonce le panneau, montagnes, ranch, chevaux.

Ce nom nous a fait rêver car il évoque à lui seul, les Parc Nationaux, la vie des premiers pionniers, les cowboys et les Indiens, le pays de Buffalo Bill, du Wild Bunch de Butch Cassidy et du Sundance Kid, les plus célèbres hors-la-loi.

Nous sommes attendus par Carol et Mike, le couple d’alpinistes que nous avions rencontré à l'hostel de Talkeetna en Alaska revenant d’une expédition sur le Mont Mc Kinley.
En attendant qu’ils rentrent du boulot, nous nous baladons en ville. Jackson Hole est plutôt chic, et s’organise autour d’une place à laquelle on accède par des arches constitués de bois de deers (chevreuils). Des diligences promènent les touristes, dans les rues très animées. Les façades en bois peintes des maisons sont d’un style western qui m’enchante.

C’est super adorable et touristique. 
Laurent me lâche dans les magasins...sans la carte bleue. Pfft, même pas drôle ! Elles me plaisaient pourtant bien les bottes en caoutchouc, façon santiag.
Carol et Mike, des amours… Et des sportifs aux sommets !
Nous avons été impressionnés par leurs récits et leur énergie à gravir et vaincre les montagnes en toute modestie.  
Invités à venir les voir dans le Wyoming, nous avons passés deux jours supers. Mike est guide de haute montagne et pisteur, Carol aussi, en plus de son job dans une agence de voyage. Ils adorent la cuisine et les vins français, connaissent bien Chamonix et ont planté leurs crampons et piolets dans les crevasses des Grandes Jaurasses, du Mont Blanc, et du Pic du Midi. 
Au mur du salon, une belle affiche du film National Géographic retraçant l'aventure de Lewis et Clark, film dans lequel Mike tient un rôle, car en plus d'escalader les montagnes, il dévale les rivières sur tout ce qui flotte, kayak, canoë, raft.

Et sur le frigo, des mots français en magnets les aident à perfectionner notre langue. Bravo quelle volonté.
Pas de gros pick-up ni de grosse berline pour ces amoureux de la nature, ils roulent en 4X4 qui fonctionne... à l'huile végétale ! Incroyable, ils font le plein derrière la baraque à frites !
Ce soir ils nous ont préparé un repas de gala, tomates mozzarella, foie gras, vin blanc fameux, vin rouge excellent... une viande tendre comme du beurre... et du fromage ! On passe tous les quatre une sacrée soirée.

Je le répète souvent, nous avons rencontré des gens dont la gentillesse et le sens de l'hospitalité sont une grande leçon que, nous européens, pouvons retenir.
Nous avons hâte de vous revoir, même si dans notre région, les seuls sommets à escalader sont les donjons des châteaux des Rois de France, mais le vin est bon.
Nous ne vous oublierons pas.

Mike est allé chercher des petits pains au chocolat pour le breakfast. De chaleureuses accolades, car en Amérique, on ne se fait pas la bise, on se prend dans les bras en se tapant dans le dos.
Nous nous mettons en route sous le soleil, pour le parc national du Grand Teton, déjà nostalgiques de nos nouveaux amis.

Une randonnée de deux heures sur un sentier escarpé qui longe « Jenny Lake » pour se mettre en jambes et un retour en 15 mn chrono avec le bateau, ben oui, faut se ménager !

Demain, on attaque le parc de Yellowstone.
Le joyau, des parcs nationaux américains et le premier à avoir été créé, en 1872.
Une palette de couleurs qui n'existe qu'ici. Une féérie géothermique.
Mais comme je ne suis ni géologue, ni historienne, je ne ferais pas de cours sur la formation de ces geysers dont les touristes en masse, nous y compris, attendent patiemment les éruptions, car certaines sont prévisibles. 
Le plus célèbre étant le « Old Faithfull » qui jaillit toutes 90 minutes. Il est entouré de gradins pour attendre patiemment les éruptions.

Il y avait même une femme un peu barrée qui faisait des incantations et entrait en transe à chaque jet  de vapeur !

Je n'essaierai pas d'expliquer comment, des profondeurs de la terre, remontent les  eaux bouillonnantes et soufrées qui forment des piscines turquoise, ceinturées d’ocres. Féerie de couleurs. A Mammoth, piscines en cascades pétrifiées, quelques troncs pris dans un enfer acide ou bien comme à Porcelain Basin, un univers brulé par les vapeurs soufrées.

On y est allé avec nos yeux, notre cœur, et... bien sûr, l'appareil photo.

Après les éruptions souterraines, les cieux s'en sont mêlés, et c'est un orage de grêle, gros comme des petits pois, qui s'est abattu sur le parc, et sur nous, refroidissant singulièrement l'atmosphère.

Laurent a prêté son blouson de moto, a un père, pour abriter son bébé bras nus en barboteuse, qui hurlait.

Nous n'avons pas vu beaucoup d'animaux sauvages, et le seul nounours que nous croisons provoque l'hystérie collective. Les gens grimpaient sur le toit de leur voiture pour tenter de l’apercevoir.

Il faut dire que le Yellowstone en plein mois de juillet, c'est un peu blindé ! Mais ça vaut largement le coup !
Difficile de trouver une petite place dans un camping, nous sommes trempés, la température à beaucoup chuté après le passage de l’orage de grêle. Laurent me dit de claquer les dents pour attendrir la dame qui délivre le précieux sésame. Elle accepte de nous laisser planter la tente. On a un peu de mal à se réchauffer, heureusement que nos duvets sont bien douillets.

Direction Cody et le Buffalo Bill Historical Center.
Des centaines de Harley Davidson ont investit la ville pour le weekend, il est impossible de trouver une chambre, ce sera donc encore une fois camping.
La fatigue, jamais de temps mort,  l’énervement, les longues étapes et le camping vraiment pourri de ce soir nous mènent au clash.  Une bonne nuit et la matinée au Musée de Buffalo Bill, chacun dans sa bulle permet d’apaiser les tensions.
Le Musée est immense, intéressant pour la qualité des objets exposés. Les vêtements d'époque de Buffalo Bill, himself, ainsi que tout ce qui est rattaché à sa vie, des coiffes indiennes, vêtements, bijoux et broderies.

Pour les amateurs, des guns, rifles, Smith et Wesson, Winchester, de toutes tailles, et des scènes de vie reconstituées avec les objets du quotidien.

Et en filigrane, la vie politique de ces époques troublées ou la spoliation des tribus indiennes était à son apogée.

Ah ben voilà ce qui arrive quand on ne fait pas le plein quand c'est possible. Quand on en a besoin, y en a pas !
Quatre baraques, au milieu de nulle part, dont une abandonnée, la station service, pas de chance. Heureusement le premier mec qu'on croise nous dépanne d'un galon. Il a l’habitude, et fait sont petit business tranquille avec les imprudents comme nous.

Mais le Wyoming, c'est aussi cette formidable course aux territoires vierges (enfin presque, c'étaient tout de même les territoires indiens.) qui a jeté sur les chemins un demi-million de migrants dont une forte population de Mormons fuyant les persécutions à l'est. Tous à la recherche d’un Eldorado. Leur voyage durait environ six mois et un pionnier sur dix-sept mourrait sur le chemin, de maladie, d'accident, ou tué lors d'une attaque de convoi par les indiens.

C'est aussi la grande époque du Pony Express ou les cavaliers qui étaient recrutés, devaient être jeunes, 18 ans, et de préférence orphelins, afin de dédier leur vie entière à leur métier.

On trouve partout des traces de ces quatre pistes mythiques, L’Oregon Trail, La California Trail, La Mormon Pioneer et le fameux Pony Express, fondatrices de la conquête de l'Ouest américaine. On peut même voir les traces fossilisées des roues de chariots sur certains tronçons.

Indépendance Rock est l'un des symboles de cette ruée vers l'Eldorado.

En escaladant ce gigantesque rocher posé seul au milieu d’une plaine sans fin, on peut encore lire, gravés dans le granit, les noms de ces familles de migrants et la date de leur passage. 
Pour ces pionniers, être à Indépendance Rock pour le 4th of July était de très bon augure pour passer les cols des Rocheuses à la bonne saison.

Nous croisons de nombreuses familles en habits d’époque, venant en pèlerinage sur les traces de leurs aïeux.

On peut imaginer leur émotion quand ils découvrent leur nom gravé dans la roche.
Il est probable que l'esprit de solidarité et d'hospitalité de beaucoup d’américains d'aujourd'hui s'est forgé à cette époque.

Les paysages changent, les industries lourdes, pétrole, charbon, font leur apparition, le temps devient gris, lourd et épais. Même les vaches sont noires !
Un clin d'œil pour les Motel 6, dans lesquels Laurent peut utiliser sa carte professionnelle (merci Accor) et obtenir une réduction. Une nuit dans un vrai lit pour $30, ça ne vaut pas le coup de s’en priver. La cuisine est américaine, et ouverte sur l'extérieur…Je fais cuire les œufs sans complexe, sur le réchaud installé sur le palier, afin d’éviter de déclencher l’alarme incendie. « Eh dit donc bébé, tes œufs, tu les veux comment ? »

Certains hôtels qui n'ont pas de piscine, mais qui ont le sens de l’humour, mettent en avant un argument qui, en pleine affaire DSK est d’un goût plutôt douteux : «  Best Maids In Town » (Meilleures femmes de chambre en ville).

Dans un dernier sursaut, avant de quitter ce magnifique état, The Devil's Tower se dresse, comme un phare sur la route des pionniers au beau milieu d’une plaine sans fin. Une montagne de roche que l’on peut même escalader. Ce que nous ne ferons pas.

Un petit tour aux restrooms (WC) avant de remonter en selle. Rien à voir avec rien, mais ça m'a fait bien rire. Une affichette est placardée sur la porte des toilettes. Un révolver dans un cercle rouge barré. Mesdames, le « gros pétard » est prohibé dans les toilettes…Qu'on se le dise ! J’adore l’Amérique !

SOUTH DAKOTA  et LAKOTA SIOUX

L'histoire du South Dakota est riche.
Notre route passe à Deadwood, fondée en 1876.

Ville de jeux, comme un mini Las Vegas du farwest, et de débauche.

Sortie de terre comme un champignon à l'époque de la ruée vers l'or, et aujourd'hui transformée en musée vivant. Tout est mis en scène pour notre plus grand plaisir, avides que nous sommes de saisir l’esprit des premiers pionniers.

Les célébrités locales s'appelaient, Wyatt Earp, California Joe, (recordman de la plus grosse pépite d’or); Calamity Jane, reine de la gâchette à défaut d'être une beauté, amoureuse du très sexy Wild Bill Hickock, qui fut assassiné dans le dos pendant une partie de poker, dans le saloon N° 10. Depuis, la combinaison de cartes à l'instant de sa mort, est surnommée: « la Main de la Mort ».

Laurent a même rencontré son fantôme, qui rejoue chaque jour sa fatale partie.

Le beau joueur malchanceux et la fille au « physique pas facile » pour ne pas dire carrément moche, sont enterrés l'un près de l'autre à la demande de la miss... Encore une qui a du se faire un film !

Le lendemain, on s'arrête à Sturgis avant la horde sauvage attendue dans trois semaines pour le 71ème  « Sturgis Rallye». 
La photo, la photo !
Le propriétaire d’un bar, lui même Béhèmiste, se propose de nous immortaliser devant le panneau que tout bon Harleytiste rêve de voir. Il nous invite à boire une bière et discuter un peu. En remerciement, je lui colle un sticker Transam2011 sur sa caisse enregistreuse.

Sturgis, temple sacré pour les Harley Davidson.

Main Street est déserte aujourd’hui, mais les boutiques de souvenirs sont au taquet ! La population passe de 7000 âmes à environ 600 000 déjantés en quelques jours et tout ce petit monde vit dans les deux rues principales ! So crazy !

Quand on pense que tout a commencé en 1938 avec une simple course avec neuf participants du motoclub « Jackpine Gypsies ». Le look est primordial pour défiler, limite sado-maso, cuir clouté, cuissardes et chromes rutilants.

Les implants mammaires sont partout, même les mannequins des magasins sont siliconés. Je me suis trouvé une jolie casquette, mais je crains de n'être pas assez équipée pour rouler en Harley !!!
Allez, on ne traine pas, Maggie et Jim, nous attendent...en Harley !

Rencontrés au pied d'un glacier en Alaska, ils nous avaient proposé de passer les voir chez eux dans le Sud Dakota.
Coucou, nous voilà !

Encore une fois nous sommes reçus comme des amis de passage, dans leur superbe maison des Black Hills. Maggie travaille dans un restaurant le soir, Jim est retraité, c’est donc lui qui prépare le dîner.

Soirée barbecue, et ça ne rigole pas... La cuisson de la viande, est une affaire d'homme. Jim mesure la température interne de chaque pièce avec un thermomètre.
Pendant ce temps là, je joue avec Bear, le bébé chien. Après diner, nous allons boire une bière dans un bar en attendant la fin de service de Maggie.
Le lendemain matin, en prenant mon café, je regarde les chevreuils brouter l’herbe du jardin et le soleil se lever sur une chaude journée. Au programme, balade en moto dans les Black Hills. Jim nous sert de guide sous un soleil de plomb.

Et à la sortie d'un tunnel, au loin, sur la colline d'en face, le Mount Rushmore.

Bien sûr l'accès est payant,  bien sûr qu'il faut garer la moto dans l'un des quatre ou cinq niveaux de parking, mais c'est le Mount Rushmore, tout de même ! Les bustes sculptés dans la montagne des présidents américains. Les travaux durèrent de 1927 à 1941. J'ai mitraillé sec, c'est très impressionnant !

Ces montagnes étaient considérées comme sacrées par les Indiens, et en réponse à cette profanation, ils entreprirent la construction du Crazy Horse Memorial, représentant le fameux chef amérindien sur un mustang, en refusant l’aide financière du gouvernement américain. Mais pour admirer le monument commencé en 1948 et inachevé pour le moment, il faudra revenir dans quelques cinquante années.

Un bref passage dans Custer City, hommage rendu au bon vieux général du même nom, défait et tué à la bataille de Little Big Horn en 1877.

Les bisons citadins, sculptures grandeur nature, peints de motifs indiens, sont plus faciles à photographier que ceux du Custer State Park.
Nous avons quitté Jim et Maggie au matin, sur un conseil « surtout arrêtez vous au Wall Drug ! ».
Mais avant, escale technique à Rapid City dans une concession Harley, pour rallumer la flamme dans l'œil de la GS, devenue borgne. 
Elle y a rencontré des copines plutôt jolies mais à mon avis pas vraiment taillées pour l’aventure. Impossible d’attacher les bagages la dessus, quand à la position de conduite, un cauchemar pour les vertèbres !

Wall Drug, on ne peut pas le louper. C’est annoncé à grand renfort de panneaux publicitaires de toutes tailles au moins cent kilomètres en amont.
A l'origine de l'histoire, en 1931, Dorothy et Ted  acquièrent ce drugstore. Il n’y a guère de passage par ici. Ted y croit pourtant car il sait que lorsque le monument à Mount Rushmore sera terminé il y aura plus de trafic. Puis ils l’ont une idée de génie pour faire stopper les gens à Wall. Les voyageurs traversent des grandes plaines sous un soleil de plomb durant la belle saison, et de quoi peuvent-ils avoir besoin si ce n’est d’eau et de glace ! Ils posèrent ainsi des panneaux tout le long de la route indiquant « free water and ice » (eau et glace gratuite). Le Wall Drug devint en quelques temps un arrêt obligatoire pour tout voyageur des grandes plaines du Sud Dakota.
Une institution donc, qui fait vivre tout le village. Le drugstore est conçu comme une ville, sur deux niveaux, avec des rues, des passerelles, des lampadaires et bien sur des dizaines de magasins de souvenirs et de fringues, de restaurants, et  de bars à la sauce western. Mais rien n’à voir avec une galerie marchande. Je rêvais d’y passer deux jours pour avoir le temps de tout explorer !
On y a juste pris un plat au self et un café en libre service à 5 cents, le moins cher d’Amérique ! Sur la table d’à côté, je regarde, médusée, trois énormes femmes poser leur plateau repas sur la table. Beaucoup de  gens sont obèses aux USA et je commence à comprendre pourquoi ! Nous les regardons, écœurés, avaler leurs triples hauteurs de hamburgers accompagnés d’un litre de cola sans oublier les frites recouvertes d’une louche de ketchup.
La malbouffe est un vrai problème de société, difficile à combattre. Nous l’avons expérimenté. Ça coûte beaucoup moins cher de manger dans les fast-foods que de faire les courses et cuisiner des aliments frais.
Après les Black Hills, verdoyants nous voici dans les Badlands. Réserve Indienne. Univers minéral de collines couleur pastel.

Terres sacrées pour les Lakotas Sioux, et on comprend pourquoi en regardant ces paysages.

Laurent est passionné par les guerres indiennes et incollable sur les traités signés entre les grands chefs indiens Lakotas (Crazy Horse, Sitting Bull, Red Cloud) et les présidents américains ; Incollable également, sur les différentes tribus, leurs traditions, et les massacres dont celui de Wounded Knee en 1890.
Petit, il ne s'était pas laissé abuser par les poncifs véhiculés par les Westerns sauce Paramount, ou les blancs étaient les gentils et les indiens les méchants. 
Plus tard, il a lu et s'est documenté sur tout ce qui concernait ces périodes troubles. 
Ce n'est pas par hasard que notre route passe par les états et les réserves où se sont déroulés ces évènements... Bizarrement nous ne croisons aucun touriste américain.
Dans la réserve Lakota Oglala de Pine Ridge, le cimetière de Wounded Knee est envahi par les herbes folles et rien ne bouge sous un soleil de plomb. 
Une jeune indienne est assise sur le sol à l'ombre du porche, elle envoie des sms de son téléphone portable.

Elle nous explique ce que son arrière grand-mère lui a raconté du massacre du 29 décembre 1890.

L'armée américaine veut sa revanche après la défaite de Little Big Horn, le 7ème de cavalerie encercle un camp sioux, installe des mitrailleuses sur les collines alentours.
Elles ont craché la mort, mais il n'y avait que des femmes et des enfants ce jour là dans le village.
Elle nous montre aussi la tombe de Lost Bird, petite fille retrouvée vivante sous le corps gelé de sa mère, par un soldat et adoptée par un général de brigade. Après une courte vie assez misérable, elle mourût en 1920 à l’âge de 29 ans.
Nous sommes devant sa tombe, où son corps n’a été rapatrié qu’en 1991.
L’histoire ne s’arrête pas là, des années plus tard en 1973, l'AIM (American Indian Mouvement) revendiqua des terres et ses membres se retranchèrent symboliquement sur la colline de Woundee knee, où avait eu lieu le massacre, dans l'église. Ils furent assiégés pendant plusieurs jours par les forces militaires américaines. 
Quelques coups de feu échangés, et un mort.
On peut retrouver le contexte des tensions de cette époque dans le film : Cœur de Tonnerre avec Val Kilmer.

A quelques kilomètres de là, dans un autre cimetière, nous trouvons la tombe de Red Cloud, grand chef Sioux. Le cimetière n’est plus qu’une prairie où il est bien difficile d’apercevoir les sépultures mangées par la végétation.

Ces peuples ont été spoliés, exterminés, affamés, on leur a imposé de vivre dans des réserves, on les a déplacés, en découvrant des richesses dans les sous-sols de leurs territoires. On leur a interdit de parler leur langue, de pratiquer leurs rites ancestraux.
Aujourd'hui, de gros problèmes de drogues, d'alcool, et même de gangs, gangrènent ces communautés. Envers et contre tout, certains continuent de relever la tête et de maintenir leur culture vivante. 
Il est poignant de constater comment cette répression a brisé ce peuple autrefois si fier...
Après notre incursion en territoires Sioux, retour dans les Badlands, pour assister à un extraordinaire coucher de soleil et un lever de lune tout aussi fabuleux. Un coyote hurle au loin.

Après les grands froids, les grosses chaleurs, et là aussi on bat les records... 38° au plus chaud, heureusement que le soir, on enfile un short bien installés au Motel 6 ! Celui-ci refait ses peintures extérieures au pistolet, la moto est garée à proximité et un léger voile de peinture blanche s’y dépose, le gars sympa, nous tend un chiffon imbibé de white spirit … « Viens te baigner mon amour ça va te détendre ! ».

Au matin, le temps se gâte, le ciel devient noir, les nuages occultent les rayons du  soleil. La campagne tremble en attendant l’orage, et moi j’enfile en vitesse la doublure pluie de mon pantalon.
Nous sommes à De Smet. Ça ne vous dit rien ? La petite Maison dans la Prairie !!! Le mythe est toujours vivant, et la relève est assurée. Quatre petites américaines déguisées en Laura Ingalls posent fièrement devant un chariot de pionnier.

Dans la maison reconstituée, une passionnée en habits d’époque nous conte l'histoire de la famille Ingalls.

C'est un roman autobiographique de la petite Laura décrivant la vie dans les prairies au 19ème  siècle  et la dure existence des pionniers dans les plaines du Midwest.

Une photo de la vraie famille est pendue au mur… « Sont bôôôcoup plus beaux dans la série télé »

Juste avant de quitter le South Dakota, nous avons eu l’immense chance, d’assister à un pow wow ! C’était un rêve pour Laurent.
Un pow wow, ou wacipi, n'est pas un spectacle destiné aux touristes, c'est un cérémonial, un rituel et l'occasion pour les différentes tribus de se rencontrer, se saluer, et d’honorer la mémoire des disparus.
Les hommes, femmes et enfant concourent pour remporter un prix dans les catégories, danses, costumes et chants.
Nous sommes arrivés à Flandreau un dimanche matin. La ville est silencieuse, la plupart des habitants sont à l'office pendant que se prépare, quelques kilomètres plus loin, le grand rassemblement annuel Sioux. 
Les costumes sont magnifiques et j'ai admiré le travail minutieux, des broderies de perles sur les vêtements et les mocassins de peau.
Nous assistons fascinés à cette fête communautaire. On sent que l’appareil photo n’est pas très bien vécu. Il vaut mieux leur demander avant de les photographier individuellement.

Les chants ancestraux, les mélodies syncopées rythmées par des tambours, ces hommes, ses femmes et ces enfants en habits d'apparats qui dansent, tous rassemblés et fiers de leurs racines. Ils rendent hommages aux anciens, à leurs morts et présentent leur respect aux autres familles.

Héritage fragile longtemps contesté par les blancs.

Ils sont magnifiques quand ils prennent la pose, le regard fier et nous demande de ne pas mal utiliser ces photos.

Ce fut une journée forte en émotions...j’en suis repartie peau rouge…brulée par le soleil !